Lors de notre visite à la plaine des Jarres, notre guide nous a informé brièvement de la situation mais c'est surtout en visitant le Centre d'information sur les UXO (unexploded ordnance) dirigé par le MAG (Mines Advisory Group) www.maginternational.org/laopdr que nous avons mesuré l'ampleur de l'horreur : entre 1964 et 1973, les États Unis ont largué plus de 2 millions de tonnes de bombes au cours de 580 944 sorties, 80 millions de ces bombes n'ont pas explosé. Une seule bombe contient 670 "bombies" de la grosseur et couleur d'une balle de tennis et qui elle-même contient 300 fragments de métal. Des villes, des villages et des milliers d'hectares de forêts ont été complètement rasés, entièrement détruits et le sol lourdement contaminé. De 1964 à 2007, plus de 50 000 accidents ont été répertoriés dont 20 000 après 1974, sur ces 50 000 accidents, 60% ont causé la mort et 40% ont provoqué de sérieux handicaps. Entre 2008 et 2011, on répertorie 395 accidents ayant tué 170 personnes. Plusieurs de ces victimes sont des enfants qui confondent les bombies avec des ballons ainsi que des villageois qui travaillent au champ.
Dans un pays ou plus de 60% de la population vit de l'agriculture et où le niveau de pauvreté est l'un des plus élevé au monde, l'accès des villageois à la terre de manière sécuritaire est fondamentale. De retour de la plaine des Jarres nous avons vu un camion MAG et une équipe de démineurs à l'oeuvre, je dois dire démineuses, car de plus en plus de femmes réalisent ce travail. Certaines zones près des résidences, des écoles et des zones propices à l'agriculture sont déminées pour une deuxième fois car on craint, qu'avec les années, certains explosifs remontent à la surface. De plus, les sols étant lourdement contaminés par les métaux et les produits toxiques se dégageant des bombes, il est très difficile de reboiser les montagnes environnantes car plusieurs espèces végétales ne survivent pas.
Dans ce contexte, la ténacité des paysans laotiens pour déminer, décontaminer et reconquérir leur terre est héroïque. Finalement, l'aide internationale et le gouvernement du Laos soutiennent des initiatives locales visant à faciliter la réinsertion et la rééducation physique de ces victimes oubliées.
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