vendredi 16 novembre 2012

La tisserande de Don Kho


Le 13 novembre après une heure de vol en partance de Vientiane, nous sommes arrivés à Pakse, au Sud du Laos. Nous avions comme projets de visiter le Palteau des Boloven, réputé pour sa production de café ainsi que l'ancien sanctuaire kmer du Vat Phu Champasak, classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Arrivés en milieu d'avant-midi nous n'avions rien de planifier pour l'après-midi et Pakse est surtout connue pour être le point de départ d'excursions et de treks dans les parcs environnants. Nous avons donc décidé d'aller visiter une petite île sur le Mékong, à 15 km au Nord de Pakse appelée Don Kho; petite île sans voiture réputée pour le tissage de la soie. 

Au sortir du Pakse Hôtel, nous nous sommes arrêtés à la première petite agence se présentant à nous. Ce n'était pas vraiment une agence d'excursions mais plutôt un point de vente de billets pour les déplacements au Laos. Toutefois, la jeune femme parlant un excellent anglais et patronne du lieu nous a offert de nous conduire et de nous accompagner sur l'île.
Cette sortie fut magique. Arrivés à Ban Saphai, nous avons pris une pirogue à moteur pour nous rendre à Don Kho. Cette petite île, de 800 mètres de large et d'à peine quelques kilomètres de long, récemment électrifiée, compte 300 habitants qui vivent tous en bordure de l'île et cultivent le riz en son centre.
Au fil de notre promenade et par le biais de notre guide qui agissait comme interprète, nous avons parlé avec un pêcheur qui tissait son filet, avec un vieillard qui fabricait des balais de feuilles de palmiers et avec le maître d'école qui terminait sa journée. Nous avons vu les villageois faucher le riz, les jeunes moines revenir au vat après leur journée d'école à Ban Saphai et les jeunes hommes diriger un combat de coqs. Mais le moment le plus touchant ce cette promenade fut cette rencontre avec une tisserande de la soie. 
Elle a 52 ans.
Elle a eu six enfants dont deux jumelles. 
Elle habite dans une maison de bois et de bammbou sur pilotis.
Son espérance de vie est de 64 ans.
Je gagnerai plus d'argent en une année que ce qu'elle ne fera en une vie. 
Elle s'était levée à 5:00 du matin cette journée-là et avait fauché le riz jusqu'à midi, puis en après-midi elle tissait ses étoffes de soie.
Elle s'est rejouie de voir les photos de nos quatre enfants et de notre petit-fils. Elle m'a demandé mon âge et s'est amuseée de nos deux années de difference. Elle a parlé fièrement de ses garçons dans l'armée du Laos et des ses deux grandes jumelles qui l'aidaient au champ. Je lui ai dit qu'elle avait une peau magnifique, qu'elle ne faisait pas ses 52 ans. Elle m'a dit que son secret c'était de travailler fort et elle m'a parlé de sa sœur en Amérique qui avait l'air beaucoup plus vieille qu'elle. Coquetterie féminine universelle.
Elle m'a d'abord offert son étoffe de soie à 50 000 kip (5,25$) puis, après notre conversation, lorsque j'ai voulu la payer, elle a baissé son prix à 40 000 kips avec un sourire complice et chaleureux. J'ai quitté cette femme à regret et j'aurais bien poursuivie la conversation, je crois bien qu'elle aussi l'aurait souhaitée.
En quittant l'île, notre jeune guide m'a trouvé une bordure pour ma jupe, au marché de Ban Saphai, puis elle nous a conduit chez une copine afin qu,elle me confectionne mon vêtement laotien pour le lendemain. Sur le chemin du retour, elle s'est arretée pour nous acheter des fruits de lotus et nous en faire gouter les graines. 
Cette jeune guide,  jeune femme de 31 ans génereuse et brillante, nous a fait vivre un moment inoubliable de notre voyage dans une excursion improvisée qui restera à jamais gravée dans nos mémoires.



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